Georges-Henri Lévesque
Notice biographique
Il enseigne la philosophie sociale au collège des dominicains de 1933 à 1938 et aux universités de Montréal (1935-1938) et Laval (1936-1962). Il fonde en 1938 l'École des sciences sociales, politiques et économiques de l'Université Laval, devenue la faculté des sciences sociales en 1943, dont il est le premier doyen et qu'il dirige jusqu'en 19551. Cette faculté se spécialise dans la sociologie, l'économique, les relations industrielles et le service social. Il travaille aux côtés de Everett-C. Hughes, devenu le président de l'association sociologique américaine.
Il fonde le Conseil supérieur de la coopération du Québec et en est le premier président, de 1939 à 1944. Pendant la guerre, il écrit dans la revue Ensemble. En 1943, il fonde la société pour l'éducation des adultes. Il participe aussi à la Commission d'enquête sur la jeunesse (1943-1946), créée par le gouvernement canadien de Mackenzie King. Il voulait utiliser son poste de doyen pour promouvoir la démocratie.
Louis Saint-Laurent le nomme à la Commission royale d'enquête sur l'avancement des arts, lettres et sciences au Canada, sur le mécénat, présidée par Vincent Massey, où il siège de 1949 à 1951. En 1955, il fonde la Maison Montmorency. De 1959 à 1961, il est président de l'Association canadienne-française pour l'avancement des sciences (ACFAS). Il est vice-président de la Société royale du Canada en 1962 et en 1963.
Lévesque était critique du gouvernement unioniste de Maurice Duplessis à partir de 1949, lorsque la grève d'Asbestos fut réprimée par la police provinciale. Il s'attira la foudre de la droite politique, et de fait Duplessis refusa d'engager les diplômés de sa faculté parce qu'il n'aimait pas beaucoup les intellectuels. Les syndicats et les agriculteurs catholiques de l'époque partagent le mieux leurs idées avec lui.
Les choses changent avec l'élection des gouvernements libéraux de Jean Lesage et de Lester B. Pearson, qui prennent directement de sa faculté pour améliorer leur haute fonction publique. Le rôle accru de l'État qui en a résulté, et la grande influence qu'a eu Lévesque sur ses étudiants fait de lui un des importants pères de la Révolution tranquille au Québec. Il rencontrait régulièrement les trois colombes à Cité Libre (Trudeau, Marchand, Pelletier).
Dans ses écrits, il souhaitait une école populaire laïcisée, ce qui fut peu après réalisé par Paul Gérin-Lajoie. La prise en main de l'économie par les Canadiens-français («Maîtres chez nous») est largement réalisée par ses économistes et administrateurs, dont Jacques Parizeau, Michel Bélanger, Albert Faucher et Claude Morin, tous keynésiens. Il refusa d'entrer en politique, trop partisane selon lui, car il se savait prêtre.
En outre, il a inspiré les travaux des historiens de l'école de Laval, qui ont considérablement modifié le point de vue dominant dans l'historiographie québécoise et qui ont donné aux Canadiens-français une nouvelle vision d'eux-mêmes.
De 1963 à 1971, il est le recteur de l'université nationale du Rwanda, à Butare. Sa période africaine, il l'appelait sa « deuxième carrière ». En Espagne, il a aidé à la création de la faculté des sciences sociales de l'université de Salamanque.
Il a publié plus de cinquante ouvrages scientifiques. Il a publié ses mémoires, intitulées Souvenances, en 1983. En 1994, il a publié des carnets d'histoires du Québec avec le médiéviste et critique littéraire Benoît Lacroix.
Il est décédé le 15 janvier 2000 à l'âge de 96 ans et onze mois. Ses funérailles ont été tenues à l'église Saint-Dominique de Québec.