L’Espace-couleur de Robert Wolfe
Parution: 06 mars 2006
-
Nb. de pages:
144
Description
AVANT-PROPOS
Laurier Lacroix, commissaire
Dans les listes de participants aux expositions collectives, son nom figure toujours le dernier. Pour plusieurs personnes, Robert Wolfe demeure encore inconnu, aussi l'exposition présentée par Bibliothèque et Archives nationales du Québec à la Grande Bibliothèque sera l'occasion de la découverte d'une figure d'importance. Pour ceux qui suivaient la scène artistique au début des années 1970, le souvenir de Robert Wolfe rappelle ces jeunes créateurs qui ont transformé le paysage de l'estampe à Montréal. Pour les personnes attentives au développement de la peinture au cours des années 1980, les présentations régulières de Robert Wolfe à la Galerie Graff servent de points de repère, grâce à ses images denses et singulières dans la production contemporaine.
Tous les visiteurs apprécieront pour la première fois une saisie du parcours de cet œuvre. Robert Wolfe a beaucoup exposé au cours des quarante ans de sa carrière, mais toujours les présentations misaient sur la production récente. C'est donc la première fois qu'il est possible de prendre l'aulne de ce travail, de le saisir dans la durée, de l'évaluer en regard du développement de l'art au Québec au cours des dernières décennies.
La personnalité de Robert Wolfe ne l'incitait pas à se placer à l'avant-scène. De plus, comme il occupait un poste d'enseignement qui assurait son revenu, Wolfe a pu se satisfaire d'une position qui, tout en étant engagée envers sa communauté, est demeurée plus discrète dans la société. Pour les personnes qui l'ont bien connu, l'artiste représente la fidélité et l'enracinement. Dans un Autoportrait de jeunesse (fig. 2), il se présente déterminé et assuré, même si le regard laisse percer un certain doute. On le verra, son œuvre est une suite de reprises, comme autant de questionnements en vue de trouver une réponse à une interrogation toujours en mouvement. « L'expérience de l'art m'a prouvé que la création consiste en une recherche continuelle. [...] si tu n'intègres pas [t]es découvertes à ton langage, tu n'auras fait que des objets ; tu n'auras pas posé une réflexion d'artiste . »
Travaillant dans son atelier de Saint-Jacques-le-Mineur depuis le milieu des années 1970, Wolfe a pu développer une production à l'abri des tendances dominantes. Si l'on reconnaît que son travail se développe dans la foulée du postautomatisme et de l'apport des Plasticiens, son art intègre le geste et la ligne, la matière et la couleur d'une manière différente que celles que l'on peut remarquer auprès des tenants de ces mouvements.
La sélection des œuvres pour cette exposition répond au premier titre au mandat de mise en valeur que poursuit Bibliothèque et Archives nationales du Québec à l'égard de ses collections. Ainsi, le fil conducteur de la sélection a été la collection d'estampes de l'institution qui réunit la quasi-totalité des estampes de Robert Wolfe. C'est à partir de ce corpus d'envergure qui réunit plus de 180 œuvres et qui portent sur quarante ans de production imprimée que s'est tracé le concept de l'exposition. L'ajout de tableaux et de dessins permet de cerner d'une manière plus englobante le parcours artistique de Robert Wolfe.
Tout au cours du travail de recherche et de documentation, il m'est apparu que l'art de Wolfe était sans doute marqué par son approche de graveur, en ce sens que les œuvres sont toujours pensées dans la série, dans le nombre, peut-être avec cette notion de tirage et d'édition qui permet de décliner à l'infini les qualités d'une image. On verra, dans cette présentation en raccourci de sa carrière, comment les idées plastiques de Wolfe se développent d'une technique à l'autre, dans la continuité, dans la reprise et la modulation des paramètres qui la composent. Il n'était donc pas vain de lire son travail à travers le filtre de l'estampe et de tenter de cerner son art par cette pratique.
De plus, il m'a semblé que le travail de l'estampe était un terrain propice pour aborder la recherche sur la couleur qui semble avoir guidé son énergie créatrice. C'est bien la couleur, avec ce qu'elle permet comme travail sur les plans, les formes, les volumes et le mouvement de l'image, qui définit l'œuvre de Robert Wolfe. C'est par l'exploration de la couleur que je vous invite à partager son œuvre, tour à tour jubilatoire et intime, rigoureuse et libre, silencieuse et exaltante, ouverte et méditative.
Je souhaite dédier cette exposition à celles et ceux qui, avant moi, ont accepté de se laisser entraîner dans l'œuvre de Robert Wolfe - certains sont d'ailleurs cités ici - et dont les regards m'ont accompagné dans l'écriture du texte qui suit.
Laurier Lacroix, commissaire
Dans les listes de participants aux expositions collectives, son nom figure toujours le dernier. Pour plusieurs personnes, Robert Wolfe demeure encore inconnu, aussi l'exposition présentée par Bibliothèque et Archives nationales du Québec à la Grande Bibliothèque sera l'occasion de la découverte d'une figure d'importance. Pour ceux qui suivaient la scène artistique au début des années 1970, le souvenir de Robert Wolfe rappelle ces jeunes créateurs qui ont transformé le paysage de l'estampe à Montréal. Pour les personnes attentives au développement de la peinture au cours des années 1980, les présentations régulières de Robert Wolfe à la Galerie Graff servent de points de repère, grâce à ses images denses et singulières dans la production contemporaine.
Tous les visiteurs apprécieront pour la première fois une saisie du parcours de cet œuvre. Robert Wolfe a beaucoup exposé au cours des quarante ans de sa carrière, mais toujours les présentations misaient sur la production récente. C'est donc la première fois qu'il est possible de prendre l'aulne de ce travail, de le saisir dans la durée, de l'évaluer en regard du développement de l'art au Québec au cours des dernières décennies.
La personnalité de Robert Wolfe ne l'incitait pas à se placer à l'avant-scène. De plus, comme il occupait un poste d'enseignement qui assurait son revenu, Wolfe a pu se satisfaire d'une position qui, tout en étant engagée envers sa communauté, est demeurée plus discrète dans la société. Pour les personnes qui l'ont bien connu, l'artiste représente la fidélité et l'enracinement. Dans un Autoportrait de jeunesse (fig. 2), il se présente déterminé et assuré, même si le regard laisse percer un certain doute. On le verra, son œuvre est une suite de reprises, comme autant de questionnements en vue de trouver une réponse à une interrogation toujours en mouvement. « L'expérience de l'art m'a prouvé que la création consiste en une recherche continuelle. [...] si tu n'intègres pas [t]es découvertes à ton langage, tu n'auras fait que des objets ; tu n'auras pas posé une réflexion d'artiste . »
Travaillant dans son atelier de Saint-Jacques-le-Mineur depuis le milieu des années 1970, Wolfe a pu développer une production à l'abri des tendances dominantes. Si l'on reconnaît que son travail se développe dans la foulée du postautomatisme et de l'apport des Plasticiens, son art intègre le geste et la ligne, la matière et la couleur d'une manière différente que celles que l'on peut remarquer auprès des tenants de ces mouvements.
La sélection des œuvres pour cette exposition répond au premier titre au mandat de mise en valeur que poursuit Bibliothèque et Archives nationales du Québec à l'égard de ses collections. Ainsi, le fil conducteur de la sélection a été la collection d'estampes de l'institution qui réunit la quasi-totalité des estampes de Robert Wolfe. C'est à partir de ce corpus d'envergure qui réunit plus de 180 œuvres et qui portent sur quarante ans de production imprimée que s'est tracé le concept de l'exposition. L'ajout de tableaux et de dessins permet de cerner d'une manière plus englobante le parcours artistique de Robert Wolfe.
Tout au cours du travail de recherche et de documentation, il m'est apparu que l'art de Wolfe était sans doute marqué par son approche de graveur, en ce sens que les œuvres sont toujours pensées dans la série, dans le nombre, peut-être avec cette notion de tirage et d'édition qui permet de décliner à l'infini les qualités d'une image. On verra, dans cette présentation en raccourci de sa carrière, comment les idées plastiques de Wolfe se développent d'une technique à l'autre, dans la continuité, dans la reprise et la modulation des paramètres qui la composent. Il n'était donc pas vain de lire son travail à travers le filtre de l'estampe et de tenter de cerner son art par cette pratique.
De plus, il m'a semblé que le travail de l'estampe était un terrain propice pour aborder la recherche sur la couleur qui semble avoir guidé son énergie créatrice. C'est bien la couleur, avec ce qu'elle permet comme travail sur les plans, les formes, les volumes et le mouvement de l'image, qui définit l'œuvre de Robert Wolfe. C'est par l'exploration de la couleur que je vous invite à partager son œuvre, tour à tour jubilatoire et intime, rigoureuse et libre, silencieuse et exaltante, ouverte et méditative.
Je souhaite dédier cette exposition à celles et ceux qui, avant moi, ont accepté de se laisser entraîner dans l'œuvre de Robert Wolfe - certains sont d'ailleurs cités ici - et dont les regards m'ont accompagné dans l'écriture du texte qui suit.
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