La perspective productiviste, instrumentale et court-termiste qui structure aujourd’hui la production des connaissances scientifiques n’est ni souhaitable ni tenable. Elle n’est pas souhaitable car elle appauvrit le champ des connaissances en standardisant les formats de la recherche ; elle n’est pas tenable car elle transforme en profondeur l’ethos de la recherche, malmène les identités et néglige les conditions de travail de ceux qui la produisent. Les contributeurs de cet ouvrage, enseignants et chercheurs en sciences de gestion, partagent ce constat et proposent d’examiner « la possibilité d’une île », c’est-à-dire des possibilités d’existence d’une recherche soutenable, durable et responsable. Il s’agit, d’abord, de fonder la discussion afin de caractériser les espaces-temps dans lesquels une telle recherche en management peut avoir sa place. Il s’agit ensuite de donner la parole à des chercheurs et des chercheuses engagés dans des recherches critiques en management. En offrant un point de vue réflexif sur des parcours de recherche singuliers, ces témoignages permettent de dessiner les contours de l’engagement — individuel, collectif et institutionnel — dans la construction alternative de savoirs innovateurs. Finalement, face aux urgences sociales et environnementales qui remettent fondamentalement en question nos sociétés contemporaines, cet ouvrage souhaite offrir un remède à la mélancolie qui guette la communauté critique en management en refondant l’hypothèse universitaire sur un ethos de l’engagement.