Patrimoine en mouvement
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Description
Le patrimoine est, aujourd’hui encore, trop souvent exclusivement centré sur l’idée de pérennité, d’authenticité et d’identités originaires enracinées dans des lieux et des temps immuables. Généralement représenté comme moyen de transmission et de conservation pour lutter contre la dégradation ou la destruction, il est associé à ce qui disparaît plus qu’à ce qui apparaît. Et si l’on traite souvent de son désir de récupération et de restauration, son aspect créatif est rarement mis en exergue. Les biens à transmettre sont sélectionnés, un statut leur est accordé, mais on explique peu comment le patrimoine se construit, se transforme et s’actualise.
Or, loin d’être fixe et figé, le patrimoine est sans cesse fait, défait et refait au fil des déplacements, des contacts, des interactions et des échanges entre individus et groupes différents. Il est une continuelle réinterprétation du passé, une recréation anachronique des traces que les acteurs sociaux tentent souvent de stabiliser, voire d’« essentialiser ». Mais les différentes stratégies de cette « essentialisation » révèlent elles-mêmes des appropriations et des transformations. Les modes de transmission du patrimoine varient dans le temps et dans l’espace et entraînent des usages divers, voire concurrents, qui répondent à une société en perpétuel devenir. Le patrimoine est aussi mouvement, s’inscrivant autant dans les contextes régionaux que nationaux et internationaux, s’exprimant tant dans le matériel que dans l’immatériel et s’imposant, dans la société contemporaine, comme un enjeu à la fois économique, politique et social.