Peut-on imaginer une histoire de la littérature, au Québec, sans une réflexion sur l’évolution de la critique ? Alors qu’on a abondamment étudié celle du début du siècle et des années 1960, peu d’attention a été accordée à la critique de l’entre-deux-guerres ; c’est pourtant l’époque où s’établit une distinction progressive entre le discours de réception et un type de réflexion que l’on nommera bientôt essai, et où émergent les approches scientifiques d’où procèdent la recherche universitaire d’aujourd’hui. C’est notamment ce que mettent en lumière les contributions de ce livre, qui porte essentiellement sur la critique de la littérature mais aborde aussi celle du théâtre, de la peinture, de la musique, de la philosophie et du cinéma. Regroupant des analyses ponctuelles comme des essais de synthèse, il retrace le basculement d’une vision nationaliste de la culture à l’horizon universaliste de la génération de La Relève, puis le progressif retour en force de la référence communautaire. Entre 1920 et 1960, l’ethos du critique, son style, ses références philosophiques et littéraires changent profondément de visage. La critique elle-même devient un art à part entière.