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La fatigue romanesque de Joseph Joubert

Parution: 17 janvier 2008
  • Nb. de pages:
    348

Description

L’œuvre de Joseph Joubert (1754-1824) est longtemps demeurée méconnue, faute d’être publiée, autant de son vivant que dans sa postérité, jusqu’à la publication « intégrale » de ses Carnets en 1938 par André Beaunier (réédités en 1994). Grâce à cette nouvelle forme qu’ont prise ses pensées, un tout nouveau Joubert est apparu. Non plus seulement « moraliste », comme le voulait le portrait dressé par Sainte-Beuve et qui a fait autorité pendant plusieurs décennies, mais aussi « diariste », c’est-à-dire écrivant sa pensée au jour le jour, dans la tradition bourgeoise des livres de raison. Cependant, quelque chose d’autre se montre chez Joubert, car, comme le dit Maurice Blanchot, « le journal [de Jourbert], s’il est encore posé sur les jours, n’en est pas le reflet, est tendu vers autre chose qu’eux » (Le livre à venir). Vers quoi ? D’un côté, il est possible de voir, avec Georges Poulet, que Joubert « n’est pas un philosophe, un moraliste, un auteur de maximes [,mais] un merveilleux poète de la lumière » (Études sur le temps humain). D’un autre côté, Joubert est aussi, d’une façon surprenante et encore inexplorée, un penseur s’étant frotté à la pensée romanesque, c’est-à-dire au monde hégélien et à celui, alors en plein essor, de la prose. Considérant le mouvement de la pensée romanesque comme un rabattement de l’essence sur l’existence et comme une tentative de retrouver la première dans la seconde (ce qui fait du roman le lieu même où se pose, à travers l’expérience de la fatigue, la question du salut de l’homme dans un monde où les ressources de la religion demeurent voilées), cette étude risque un parcours de lecture dans les Carnets en privilégiant d’abord les formes que peut prendre le retour dans la pensée de Joubert, pour ensuite suivre les cercles inachevés du détour par lesquels s’invente ce que Jacques Rancière a nommé « le Livre de vie » (La parole muette). Les Carnets de Joubert donnent ainsi à lire l’une des premières figures de ce que l’on appelle aujourd’hui, avec toutes les contradictions que cela implique, littérature.

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