L’américanité du Québec est devenue un objet de recherche déterminant puisqu’elle cherche à saisir les transformations et l’évolution des valeurs, des perceptions et de l’imaginaire des Québécois à travers les influences d’un voisin plus qu’imposant, à savoir les États-Unis. L’objectif de cet ouvrage s’inscrit autour de ce constat, mais aussi autour d’un défi : celui de se penser d’abord comme Nord-Américain puis comme francophone et non pas comme le berceau d’une Amérique française ! Les Québécois ne sont plus des Français d’Amérique, ni des Canadiens français. En ce début de XXe siècle, ils ont assumé pleinement leur américanité sur le plan économique et politique autant que culturel. Cette reconnaissance que nous sommes d’abord avant tout des Nord-Américains de culture française suscite chez certains un grand frisson identitaire car cette acceptation continentale serait le prélude à un réalignement de la politique extérieure du gouvernement du Québec. Il serait cependant risqué pour nos gouvernements de ne pas prendre le pouls de cette Amérique en pleine transformation, en particulier à la suite des traités de libre échange avec les États-Unis puis avec le Mexique. Assumer pleinement les défis liés à l’intégration des Amériques et en évaluer constamment les effets sur notre développement économique, social et culturel, tel est l’objectif central de ce livre.
« Je me sentais proche d’eux parce qu’ils ne se résignaient pas à voir disparaître toute trace française en Amérique du Nord ... Et puis, ce qui m’a séduit à l’époque, c’était l’isolement de ces gens qui tentaient de donner forme à ce petit coin de continent américain. Pour le garder. Pour résister. Contre quoi ? Contre l’Amérique. Pas tant l’impérialisme yankee et tout cela. Mais pour maintenir sur le sol américain une autre culture, une autre option. »
Leonard Cohen