La philosophie du droit, telle que nous la concevons, focalise sur la santé intellectuelle du droit. Pareil à un clinicien juriste, nous envisageons le droit comme un patient qui a besoin de vigilance et d’attention, à partir de la philosophie du droit. Non pas parce que le droit est malade, ou en tout cas pas plus malade que tous les autres artefacts culturels que l’homme fabrique pour s’aider à vivre à l’aise et en harmonie sur notre planète bleue et qui craque lourdement sous l’effet des bêtises et de l’orgueil des hommes et des femmes, fussent-ils juristes ou non. Disons plutôt que la santé intellectuelle se cultive à sa propre valeur et davantage encore parce qu’elle nous permet de réfléchir de manière critique aux enjeux de notre modernité juridique. Vue de cette façon, la philosophie du droit se conçoit comme une œuvre de recommencement éternel où, à la façon de l’œuvre d’un Sisyphe, il convient de défendre avec vigilance et ardeur cette entreprise si singulière et si fragile que nous nommons « droit ». Il convient surtout de protéger le droit contre la convoitise des forces de l’hétéronomie qui ne rêvent que de neutraliser la menace que le droit a toujours, plus ou moins, fait peser sur leurs sombres manœuvres. Tel Judas, ces forces sont toujours là pour nous faire une bise sur le front, pour trahir la possibilité de droit et pour faire triompher le «?pouvoir?» à nos dépens et pour notre malheur.