Sur les évènements qui ont façonné les diverses configurations de l’Amérique française, nous n’avons souvent prise qu’à travers du récit. En cela, les distinctions entre vers et prose tout comme entre genres littéraires, sans doute pertinentes à des périodes et en des lieux donnés, cèdent face aux constellations textuelles qu’élaborent patiemment les sociétés. Ainsi, dans l’empire d’encre et de papier que fut l’Amérique française, c’est-à-dire en Nouvelle-France comme aux Antilles, voire au Brésil, en Floride et dans la jeune république des États-Unis, relations de mission, récits de voyage, poèmes dits de circonstance, correspondances, mémoires et rapports divers composent une masse discursive complexe, celle d’un corpus colonial protéiforme. Par la diversité de leurs approches, les relectures ici proposées montreront qu’il y a encore beaucoup à dire sur un patrimoine lettré dont le statut reste à penser dans un cadre moins étroit.