Ce collectif pose une réflexion sur l'évaluation au moment où elle occupe une place sans cesse croissante dans nos sociétés occidentales. Dans un contexte sociopolitique fortement marqué par l'obligation de résultats, la performance, la compétitivité et l'imputablité des acteurs, elle apparaît en effet comme un outil privilégié de gestion des politiques dans tous les secteurs, publics et privés. Le champ de l'éducation n'échappe pas à cette montée de l'évaluation qui n'est pas étrangère au mouvement de mondialisation et renforce la concurrence entre les pays, particulièrement dans nos sociétés du savoir où connaissances, innovation et rentabilité économique vont de pair. Elle est aussi en lien avec la mobilité professionnelle croissante qui conduit à rechercher une harmonisation des cursus de formation et des diplômes de l'enseignement supérieur en vue de favoriser l'échange de savoirs, la mutualisation des connaissances et l'accès au marché du travail. Dans ce contexte, le rôle institutionnel de l'école, elle-même de plus en plus confrontée à une logique de marché, se trouve redéfini. Ce collectif suscite ainsi des interrogations sur les pratiques évaluatives de divers ordres en éducation, non pas pour en contester l'utilité ou la pertinence, mais pour examiner et relativiser leur portée à la lumière des enjeux socio-éthiques et sociopolitiques qu'elles soulèvent. Il invite à réfléchir à ces questions à partir de points de vue multidisciplinaires susceptibles d'aider à mieux cerner, d'une part, leur complexité et, d'autre part, les risques d'instrumentalisation ou autres dérives auxquels elles peuvent conduire.