À quoi le philosophe Gilles Deleuze est-il attentif quand il décrit une image, analyse un récit ou fait le portrait d’un personnage ? Quelle valeur accorde-t-il aux couleurs, aux enjeux d’un drame ou aux grimaces d’un acteur ? Pourquoi s’attache-t-il autant aux auteurs, à Resnais, Visconti, Welles, mais aussi à Ingrid Bergman, à Jerry Lewis et à la petite bonne d’Umberto D ? Que penser de sa singulière pratique interdisciplinaire, qui va de la mathématique à la boulangerie ? Peut-on vraiment prendre au sérieux le philosophe lorsqu’il défend une histoire s’apparentant à un classement des animaux ou des plantes ? Et que faut-il comprendre du but qu’il assigne à sa méthode : faire le concept d’une image, c’est en dégager l’événement ?
La connaissance de cette méthode doit rendre la philosophie deleuzienne du cinéma assez ordinaire pour que l’apprenti puisse l’explorer en toute confiance et assez vulnérable pour que l’éclairé puisse la détester en toute connaissance de cause, mais, surtout, elle doit entraîner chacun de nous dans l’évaluation de son propre savoir-faire. Tels sont les mille plateaux explorés par cet ouvrage.