Génocides : une mémoire en partage
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212
Description
Il convient de se rappeler qu'un génocide, en tant que crime d’éradication, cherche à faire disparaître radicalement le groupe ciblé et repose sur l’effacement de toutes les traces de l’existence de l’autre. La mise en œuvre de ces disparitions s’organise à plusieurs niveaux : physique (assassinat de masse des membres dudit groupe), existentiel (destruction des registres de l’état civil, des documents baptismaux, des photos, etc.), culturel (démolition ou récupération des monuments, autodafés, massacre des porteurs de la culture, etc.) et symbolique, avec l’effacement de la mort et de ses causes véritables par la falsification du projet génocidaire. En ce sens, le génocide relève d'un processus de destruction qui s’inscrit dans le temps : destruction dans le présent du passé, en vue d’empêcher tout avenir. Au meurtre physique des victimes se superpose le meurtre du symbolique par son impossible transmission. De cette logique génocidaire résulte l’importance primordiale que prennent la mémoire du génocide et sa transmission.
Cet ouvrage explore les mémoires qui se construisent autour et à partir du crime de génocide. À partir de travaux et de réflexions diverses de chercheurs et chercheuses se penchant sur quelques-uns des génocides qui ont ébranlé le xxe siècle, le lecteur pourra suivre certains cheminements, certains abus de la mémoire, certains oublis de l'histoire, certaines initiatives pour que la mémoire s'impose, pour que le crime ne s'efface pas de la sphère publique et que les réflexions sur l'éthique reprennent la place que parfois elles ont désertée.