Vivrions-nous mieux s’il y avait davantage de justice dans la société à laquelle nous appartenons ? L’objectif du présent ouvrage est d’apporter une réponse à cette interrogation d’inspiration platonicienne, dont le sens – comme en atteste la philosophie contemporaine – demeure actuel, en mettant en évidence les conditions auxquelles le point de vue d’autrui peut s’insérer, dans la façon dont chaque agent conçoit son projet de vie et formule sa propre conception du bien. C’est à la mise en évidence des conditions d’intégration du juste dans le bien, s’appuyant sur la philosophie classique comme sur la tradition libérale contemporaine, que cet ouvrage se consacre, en partant d’une analyse de l’égoïsme et des jugements pratiques, formulés aussi bien en réponse à un intérêt instrumental qu’en référence à des principes universels de justice.
Cette élucidation de la prise en compte du point de vue d’autrui, par les agents, se double d’une analyse des structures politiques, répondant à cette même exigence. La comparaison des mérites respectifs d’interprétations de la justice, en termes de réciprocité, d’avantage mutuel, d’impartialité et d’équité, justifie qu’une priorité et un intérêt particuliers soient accordés aux formes de la justice comme impartialité. Il apparaîtra ainsi que le respect des circonstances de l’impartialité est décisif pour qui veut identifier les conditions d’implémentation de la justice sociale.