Le projet ZACA. Marginalisation, résistances et reconfigurations de l’islam à Ouagadougou, 2001-2006
Parution: 12 avril 2012
- Collection:
-
Nb. de pages:
154
À l’occasion d’un grand projet de développement urbain appelé projet ZACA (Zone d’aménagement commerciale et administrative), les habitants de certains quartiers du centre-ville de Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, ont été « déguerpis » et leurs habitations ont été rasées. Ils se sont pour la plupart relogés en périphérie de la ville, grâce à l’indemnité payée par l’État pour le rachat des terrains, mais auparavant les résidents avaient lutté farouchement contre le projet. Regroupés dans une Coordination des résidents, ils ont envoyé des lettres aux médias et organisé des manifestations, parfois violentes. L’ampleur du mouvement d’opposition a surpris, mais plus surprenant encore était le rôle joué par l’islam dans cette contestation : la Coordination était menée par l’imâm Saïdou Bangré et son bureau était composé en grande partie d’imâms et de chefs coutumiers des quartiers visés. En juillet 2002, des émeutes contre le bornage de la ZACA ont été menées par un groupe de jeunes qui s’est surnommé « Al Qaeda ». Une telle inscription d’une lutte sociale dans un cadre islamique tranchait fortement avec l’habituelle complaisance de l’islam envers l’État et appelle une étude plus approfondie.
Cette apparente irruption de l’islam dans le champ social de Ouagadougou invite donc à revoir l’histoire de l’islam burkinabè sous l’angle de son implantation dans le milieu urbain en rapide mutation de Ouagadougou. On peut se demander, au vu de l’opposition soulevée par le projet ZACA, s’il existe au Burkina Faso, en marge de l’islam complaisant envers le pouvoir, un islam prêt à affronter l’État. Il s’agit plus précisément d’étudier le projet ZACA, l’opposition qu’il a soulevée et les conditions de relogement des habitants à la trame d’accueil de Ouaga 2000 afin de voir ce que ces événements révèlent quant à l’évolution des rapports entre la zone et le reste de la ville en premier lieu, quant aux clivages qui traversent la communauté musulmane en second lieu, et enfin quant à l’évolution récente des rapports entre l’islam et l’État et entre l’ensemble de la société civile et l’État.
Le projet ZACA a révélé la marginalisation de la zone au sein de la ville en même temps qu’il a réactivé une culture de résistance propre à ces quartiers. Il a également mis à nu les clivages qui traversent la communauté musulmane, notamment entre les jeunes et les aînés, de même que les tentatives contrastées et dans l’ensemble limitées des musulmans pour contrer la marginalisation dont ils sont victimes dans la société burkinabè. Enfin, le projet ZACA constitue une excellente illustration de la façon par laquelle l’État conserve le contrôle de la situation face à la société civile, par-delà les vives tensions qui avaient agité celle-ci suite à l’assassinat non-élucidé du journaliste Norbert Zongo en décembre 1998.
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Cette apparente irruption de l’islam dans le champ social de Ouagadougou invite donc à revoir l’histoire de l’islam burkinabè sous l’angle de son implantation dans le milieu urbain en rapide mutation de Ouagadougou. On peut se demander, au vu de l’opposition soulevée par le projet ZACA, s’il existe au Burkina Faso, en marge de l’islam complaisant envers le pouvoir, un islam prêt à affronter l’État. Il s’agit plus précisément d’étudier le projet ZACA, l’opposition qu’il a soulevée et les conditions de relogement des habitants à la trame d’accueil de Ouaga 2000 afin de voir ce que ces événements révèlent quant à l’évolution des rapports entre la zone et le reste de la ville en premier lieu, quant aux clivages qui traversent la communauté musulmane en second lieu, et enfin quant à l’évolution récente des rapports entre l’islam et l’État et entre l’ensemble de la société civile et l’État.
Le projet ZACA a révélé la marginalisation de la zone au sein de la ville en même temps qu’il a réactivé une culture de résistance propre à ces quartiers. Il a également mis à nu les clivages qui traversent la communauté musulmane, notamment entre les jeunes et les aînés, de même que les tentatives contrastées et dans l’ensemble limitées des musulmans pour contrer la marginalisation dont ils sont victimes dans la société burkinabè. Enfin, le projet ZACA constitue une excellente illustration de la façon par laquelle l’État conserve le contrôle de la situation face à la société civile, par-delà les vives tensions qui avaient agité celle-ci suite à l’assassinat non-élucidé du journaliste Norbert Zongo en décembre 1998.
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Description
À l’occasion d’un grand projet de développement urbain appelé projet ZACA (Zone d’aménagement commerciale et administrative), les habitants de certains quartiers du centre-ville de Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, ont été « déguerpis » et leurs habitations ont été rasées. Ils se sont pour la plupart relogés en périphérie de la ville, grâce à l’indemnité payée par l’État pour le rachat des terrains, mais auparavant les résidents avaient lutté farouchement contre le projet. Regroupés dans une Coordination des résidents, ils ont envoyé des lettres aux médias et organisé des manifestations, parfois violentes. L’ampleur du mouvement d’opposition a surpris, mais plus surprenant encore était le rôle joué par l’islam dans cette contestation : la Coordination était menée par l’imâm Saïdou Bangré et son bureau était composé en grande partie d’imâms et de chefs coutumiers des quartiers visés. En juillet 2002, des émeutes contre le bornage de la ZACA ont été menées par un groupe de jeunes qui s’est surnommé « Al Qaeda ». Une telle inscription d’une lutte sociale dans un cadre islamique tranchait fortement avec l’habituelle complaisance de l’islam envers l’État et appelle une étude plus approfondie.
Cette apparente irruption de l’islam dans le champ social de Ouagadougou invite donc à revoir l’histoire de l’islam burkinabè sous l’angle de son implantation dans le milieu urbain en rapide mutation de Ouagadougou. On peut se demander, au vu de l’opposition soulevée par le projet ZACA, s’il existe au Burkina Faso, en marge de l’islam complaisant envers le pouvoir, un islam prêt à affronter l’État. Il s’agit plus précisément d’étudier le projet ZACA, l’opposition qu’il a soulevée et les conditions de relogement des habitants à la trame d’accueil de Ouaga 2000 afin de voir ce que ces événements révèlent quant à l’évolution des rapports entre la zone et le reste de la ville en premier lieu, quant aux clivages qui traversent la communauté musulmane en second lieu, et enfin quant à l’évolution récente des rapports entre l’islam et l’État et entre l’ensemble de la société civile et l’État.
Le projet ZACA a révélé la marginalisation de la zone au sein de la ville en même temps qu’il a réactivé une culture de résistance propre à ces quartiers. Il a également mis à nu les clivages qui traversent la communauté musulmane, notamment entre les jeunes et les aînés, de même que les tentatives contrastées et dans l’ensemble limitées des musulmans pour contrer la marginalisation dont ils sont victimes dans la société burkinabè. Enfin, le projet ZACA constitue une excellente illustration de la façon par laquelle l’État conserve le contrôle de la situation face à la société civile, par-delà les vives tensions qui avaient agité celle-ci suite à l’assassinat non-élucidé du journaliste Norbert Zongo en décembre 1998.
Cette apparente irruption de l’islam dans le champ social de Ouagadougou invite donc à revoir l’histoire de l’islam burkinabè sous l’angle de son implantation dans le milieu urbain en rapide mutation de Ouagadougou. On peut se demander, au vu de l’opposition soulevée par le projet ZACA, s’il existe au Burkina Faso, en marge de l’islam complaisant envers le pouvoir, un islam prêt à affronter l’État. Il s’agit plus précisément d’étudier le projet ZACA, l’opposition qu’il a soulevée et les conditions de relogement des habitants à la trame d’accueil de Ouaga 2000 afin de voir ce que ces événements révèlent quant à l’évolution des rapports entre la zone et le reste de la ville en premier lieu, quant aux clivages qui traversent la communauté musulmane en second lieu, et enfin quant à l’évolution récente des rapports entre l’islam et l’État et entre l’ensemble de la société civile et l’État.
Le projet ZACA a révélé la marginalisation de la zone au sein de la ville en même temps qu’il a réactivé une culture de résistance propre à ces quartiers. Il a également mis à nu les clivages qui traversent la communauté musulmane, notamment entre les jeunes et les aînés, de même que les tentatives contrastées et dans l’ensemble limitées des musulmans pour contrer la marginalisation dont ils sont victimes dans la société burkinabè. Enfin, le projet ZACA constitue une excellente illustration de la façon par laquelle l’État conserve le contrôle de la situation face à la société civile, par-delà les vives tensions qui avaient agité celle-ci suite à l’assassinat non-élucidé du journaliste Norbert Zongo en décembre 1998.
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