De l’Antiquité jusqu’à aujourd’hui, la démocratie a été associée aux principes de liberté et d’égalité. Pour devenir effectifs et informer la vie politique et sociale, ces principes doivent toutefois s’incarner dans des pratiques et des médiations qui leur donnent corps. La désignation de magistrats par tirage au sort ou l’élection de représentants viennent immédiatement à l’esprit lorsqu’on pense aux démocraties antiques et modernes. Mais les pratiques démocratiques incluent aussi d’autres modes de participation et de consultation, d’éducation, de contrôle ou de contrepoids. Nécessaires à la vie démocratique, ces pratiques sont aussi, par contre, le lieu de sa possible corruption. Aristote explique ainsi en détail, dans les Politiques, comment on peut conduire la démocratie à sa perte ou la vider de sa substance ne serait-ce que par une transformation minime de ses pratiques. De manière générale, la pratique est d’ailleurs dans un lien étroit aux moeurs, c’est donc à travers elle que se déploient et que sont testés, en quelque sorte, l’esprit et l’idéal d’un régime politique.
C’est ce double aspect des pratiques démocratique – leur nécessité et leur possible corruption – que nous souhaitons explorer tour à tour ou conjointement dans le cycle de conférences de l’année 2019-2020.