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Espaces en perdition. Les lieux précaires de la vie quotidienne, Tome I

Espaces en perdition. Les lieux précaires de la vie quotidienne, Tome I

Parution: 24 janvier 2008

Description

Simon Harel a remporté le PRIX TRUDEAU pour sa contribution exceptionnelle aux études littéraires et culturelles. Ce prix est décerné par la Fondation Pierre Elliott Trudeau à des spécialistes des sciences humaines et sociales faisant preuve d'un engagement intellectuel hors du commun. Il récompense des lauréats qui se sont illustrés par leurs réalisations en recherche, leur créativité et leur engagement dans la vie publique.
Au cœur de cet essai, une question toute simple prédomine : nous est-il possible d’habiter des lieux précaires, des espaces qui nous condamnent à une mort lente ? Cette inquiétude est motivée par la perception anxieuse d’un espace illimité que les expressions mondialisme ou délocalisation qualifient avec difficulté. Cette investigation n’est pas métaphorique. De manière concrète, qu’arrive-t-il aux sujets qui n’ont plus de lieux d’être, à peine des espaces de survie ? Est-il possible de créer un nouvelle « invention du quotidien », cet « art de faire » que Michel de Certeau décrivait il y a plus de vingt-cinq ans, auquel nous voulons ici rendre hommage. Si cet essai a un dessein, c’est de braconner au cœur d’une forêt de signes, de faire son chemin pour mieux entendre les « voix » des individus reclus, mis aux arrêts. Le roulier des récits d’Anton Tchekhov vaut bien la silhouette d’Artaud qui marche sans relâche dans la cour de l’asile de Rodez. Les imprécations d’Artaud, qui sont autant de prostrations hallucinées, peuvent être entendues aujourd’hui : les naufragés de La Nouvelle-Orléans, les orphelins d’une ville abandonnée par les « pouvoirs publics », tout cela dit la détresse des sans-voix. Avec une certaine ambition, cet essai veut faire entendre la parole révoltée des petites gens qui peinent à vivre. Des
Meatpacking Plants de Chicago aux vastes champs de coton du Sud, la vie est dure et vous impose d’être un beast of burden, ce moins-que-rien de l’esclavagisme industriel. Les images de pauvreté du blues de Robert Johnson et Blind Willie McTell ont à peine vieilli. Notre monde est toujours cruel.

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