Justice sociale et éthique individuelle traite de l’acceptabilité de principes de justice (égalité des ressources, égalité des chances, égalité des capacités, égalité des réalisations fondamentales) ou de mesures de justice (allocation universelle) qui, aujourd’hui, retiennent l’attention aussi bien des philosophes que des économistes, des hommes politiques ou des citoyens. En effet, l’avènement de sociétés démocratiques et le développement de l’économie de marché ont donné à la réflexion sur la justice sociale son contenu actuel. La crise de l’État-providence et une sensibilité accrue aux inégalités sociales placent, aujourd’hui, au centre des discussions, les problématiques de distribution et d’équité que la Théorie de la justice de John Rawls a contribué à renouveler. Néanmoins le Libéralisme politique de Rawls institue une dichotomie tranchée, une « division du travail moral » entre le domaine de la justice et celui de l’éthique individuelle. Dans cette perspective, la norme d’équité est un devoir s’imposant essentiellement à l’État ou à la collectivité plutôt qu’aux individus. Pourtant l’instauration et la préservation de la justice sociale, dans la communauté, ne sont possibles que si ses membres respectent, voire promeuvent, certains principes de justice. En d’autres termes, la justice égalitariste et la justice sociale ne sont pas exclusivement une affaire de lois, définissant la structure de base de la société, mais aussi une question d’attitudes et de choix personnels, c’est pourquoi il est pertinent de les interroger dans la perspective d’une éthique individuelle, et d’envisager l’acceptabilité individuelle de ces mesures de justice sociale. C’est à cette tâche que le présent ouvrage s’attelle, en s’appuyant sur les critères d’unanimité, d’efficacité, d’absence d’envie et en analysant les motivations et désincitations que suscitent certaines politiques redistributives.