La thématique de ce recueil collectif consacré à l’esprit démocratique est mise à l’enseigne du célèbre discours de Benjamin Constant comparant, au nom de l’idéal démocratique, la liberté politique des Anciens et celle qui se décline chez les Modernes. Comme le résume Jean-Marc Narbonne dans l’une de ses conférences : « Dans une démocratie directe [...] la nécessité du sacrifice des intérêts privés au profit du service à la collectivité peut faire craindre la disparition ou l’effacement des aspirations personnelles ; dans une démocratie indirecte, plus encline à promouvoir la poursuite individuelle du bonheur et les bénéfices particuliers, c’est en revanche l’intérêt pour la chose publique en général qui risque de faire défaut [...] et qu’il s’agit de préserver. » Pour éviter ce double danger, à savoir l’embrigadement de l’individu d’un côté, la dislocation du lien social de l’autre, il faut combiner et maintenir fermement ensemble, comme le réclamait Constant lui-même, ces deux formes de liberté.
Les contributions composant ce premier recueil des Cahiers Verbatim questionnent les liens objectifs entre la démocratie antique et nos démocraties modernes et l’influence, oui ou non déterminante, de celle-là sur ces dernières.