À l’aube du XIXe siècle, le Union flag flotte de l’Amérique du Nord à l’Australie, en passant par l’Afrique et l’Asie du Sud. Un peu partout sur le globe, des navigateurs, des cartographes et des arpenteurs dressent des cartes représentant les vastes territoires soumis à l’hégémonie de Londres. Celles-ci servent directement les autorités impériales, qui cherchent à faire croître le commerce et le peuplement britannique. En terres canadiennes, un personnage fort important, mais peu connu, dédie justement l’ensemble de sa carrière à créer des représentations cartographiques du territoire, à l’explorer, le décrire et le mesurer : l’arpenteur général Joseph Bouchette. Actif des années 1790 jusqu’à la toute fin des années 1830, son labeur nous permet de plonger dans les rouages administratifs de l’Empire au Canada, d’étudier les politiques d’aménagement du territoire ainsi que les objectifs d’exploitation des ressources naturelles. L’œuvre qu’a laissée ce haut fonctionnaire ouvre effectivement une fenêtre « au ras du sol » qui permet à l’historien d’entrevoir plus de 30 ans d’intervention d’un pouvoir impérial sur l’une de ses nombreuses colonies. Bien que cette histoire se déroule avant la construction des grands chemins de fer et des plus imposantes infrastructures d’acier, le territoire est transformé à tout jamais alors que l’on perce toujours plus loin dans les anciennes forêts et que l’on étend l’aire colonisée bien au-delà du fleuve Saint-Laurent.