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Les leçons de Silvanos (NH VII,4) (BCNH "Textes" no 13)

Les leçons de Silvanos (NH VII,4) (BCNH "Textes" no 13)

Parution: 13 janvier 1990

Description

Les Leçons de Silvanos sont un écrit essentiellement sapiential, dans le style des «Sagesses» égyptiennes et des livres sapientiaux bibliques, tels que la Sagesse d'Amenem-Opé et le livre des Proverbes. L'auteur s'adresse à un disciple sans doute imaginaire qu'il appelle «mon fils» afin de lui enseigner la sagesse. Il s'agit d'un écrit profondément syncrétiste et, malgré quelques aspects du texte que l'on peut rapprocher d'une interprétation gnostique, Yvonne Janssens démontre que cet écrit présente un certain nombre d'affirmations anti-gnostique.

Silvanos est le quatrième traité du codex VII de Nag Hammadi. Il est précédé par la Paraphrase de Sem, le Deuxième traité du Grand Seth et l'Apocalypse de Pierre. Il est suivi des Trois Stèles de Seth. Le codex VII est l'un des codex les mieux conservés et le texte des Leçons de Silvanos est absolument intact. Il est rédigé en sahidique, mais l'original aurait été écrit en grec. Y. Janssens soutient que la version originale du texte aurait été écrite à la fin du IIe siècle de notre ère, peut-être en Égypte. Le nom de l'auteur présumé apparaît seulement dans le titre, ce qui pourrait signifier que l'attribution de cet enseignement à Silvanos pourrait avoir été ajoutée lors d'une rédaction ultérieure. Le Nouveau Testament mentionne notamment un personnage du nom de Silvanos comme étant un compagnon de Paul (Actes 15,22, ainsi que dans l'introduction aux deux Épîtres des Thessaloniciens). Un autre Silvanos est également mentionné comme étant un scribe et un compagnon fidèle de Pierre (Première lettre de Pierre 5,12). Il est possible que l'auteur du titre de notre texte fasse référence à un de ces deux personnages.

Le texte commence par la comparaison de l'âme avec un camp militaire qui doit être défendu contre les passions (84,26-7). Si cela n'est pas le cas, l'âme deviendra une cité déserte, pleine de brigands (85,8-11). Elle doit faire entrer le guide et le maître qui l'écarteront des dangers (85,25-29). L'importance de la sagesse et de l'éducation est fortement affirmée, mais la chose essentielle est de prendre le Christ comme maître et ami (90,33-91,1). L'âme a pris la mort et l'ignorance comme son père et sa mère (91,9-12), elle doit les abandonner et retourner vers ses véritables parents, Dieu le père et la Sagesse, sa mère (91,14-16). Le texte utilise un motif philosophique pour décrire la nature de l'être humain: c'est le produit d'un mélange de l'intellect divin, de l'élément charnel et de l'âme, qui hésitant entre les deux, doit décider qui suivre. Les connaissances ou gnoses étrangères (94,33) doivent être rejetées ainsi que les faux amis qui essaient d'éloigner l'âme du vrai Dieu. Dieu est affirmé comme étant partout, il est à la fois immanent et transcendant. Grâce à sa transcendance, même les anges ne peuvent pas vraiment le connaître, seul le Christ, le Logos le peut. Le Christ est la voie que nous devons suivre, c'est à lui que nous devons nous livrer, c'est lui qui va nous permettre de rejeter les passions qui sont comparées à des animaux (105,27-33). Nous pourrons ainsi être des temples et non pas des tombes et devenir purs. L'auteur nous enjoint à craindre Dieu (114,19-20) et à combattre l'ennemi (114,9-13). A la suite du texte de Silvanos, on trouve dans le manuscrit une note où figure l'acrostiche ictus (Jésus-Christ fils de Dieu Sauveur) suivi des mots grecs «merveille extraordinaire» entourés de lettres grecques dont la signification n'est pas expliquée dans le commentaire.

Dans son introduction et son commentaire, Y. Janssens montre combien ce texte comporte d'éléments syncrétistes. La pensée gnostique a certes influencé l'auteur, mais elle est loin d'être la seule. Ce texte semble même être contre le dénigrement gnostique du Démiurge, créateur du monde. En effet, il refuse que ce dieu soit ignorant et affirme que rien ne lui est caché (116,6-13). En plus de l'influence gnostique et plus généralement chrétienne, le texte a aussi subi une grande influence de la pensée philosophique, à la fois platonicienne et stoïcienne. Les éléments stoïciens sont particulièrement importants dans les aspects moraux de l'enseignement. Alors que l'exhortation générale à la lutte conte les passions peut être à la fois d'influence stoïcienne ou chrétienne (gnostique ou orthodoxe), les passions spécifiques telles que le plaisir, le désir ou la crainte sont les plus combattues par le stoïcisme. Cependant, ceci est tempéré par le christianisme évident de l'auteur, pour qui la crainte de Dieu demeure. Une autre caractéristique de l'influence des éléments stoïciens est l'importance accordée à l'éducation et à la sagesse (87,5) et la nécessité d'un guide intérieur (84,28). Mais ce passage est profondément chrétien, car il est dit «que celui qui craint Dieu ne fait rien de téméraire. Et celui qui se garde de rien faire de téméraire est celui qui garde son guide intérieur» (108,20-24). Ce mélange d'influences montre que l'auteur des Leçons de Silvanos avait une éducation solide et diversifiée. Y. Janssens consacre également beaucoup d'attention à identifier et à mettre en contexte les allusions littéraires du texte, mettant en parallèle des auteurs aussi variés que Clément d'Alexandrie, Marc Aurèle, Paul et Platon.
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